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Y a tant à dire

par Noémie Filion Gratton

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Reculer d'une cinquantaine d'années !

Que de changement de mentalité ! en éducation, que de recul dans mon vécu !

A dix-sept ans, voler de mes propres ailes dans une école de rang, s'adapter aux conditions rudimentaires étaient pour moi une expérience imprévisible.

L'idéal que je m'étais fixé ! Il fallait que je l'atteigne avec fermeté et travail. La formation et les principes inculqués à l'École Normale m'incitaient à exercer une autorité méticuleuse auprès des 35 élèves échelonnés de la 1ère à la 7e année.

Dans ces années, l'autorité dans la famille était respectée. L'école étant alors le prolongement de la famille, l'institutrice devait suivre les mêmes pas tout en donnant l'enseignement et seconder l'éducation.

Elle n'était pas seulement enseignante mais aussi formatrice, c'est-à-dire transmettre les habitudes de vie (hygiène, bienséance) aux élèves qui en ont besoin pour devenir des hommes et des femmes capables de lire, d'écrire et de compter et de bien parler.

Notre travail était géré par une certaine crainte des rapports des autorités scolaires et religieuses, des compétitions, des comparaisons entre les écoles sans égard aux talents de certains élèves... des examens de fin d'année devant les parents lors des distributions des prix, certificat de 7e année, visite des inspecteurs, etc...

Les succès ou les échecs dépendaient du professeur. C'est là que les rapports élogieux ou désapprobateurs de l'inspecteur mettaient en jeu la future réputation de l'institutrice. Rapports qui étaient envoyés à la Commission scolaire.

Les heures de travail n'étaient pas comptées. L'enseignement était prioritaire au détriment du contact personnel avec chacun des élèves en difficulté de compréhension ou de caractère.

Chacun était mis sur le même pied, sans égard aux problèmes de chacun. Il fallait avoir la vocation pour véhiculer sans écart dans un champ si vaste qu'est l'éducation.

Sans l'amour profond des enfants, cette carrière de 35 ans ne m'aurait pas laissé les souvenirs inoubliables que je garde de chacun d'eux aujourd'hui.

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Noémie Filion Gratton (à droite) avec ses élèves de l'école du Rapide, en juin 1959


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