1801-1964: Des lois scolaires

Après la Conquête de la Nouvelle-France par les Anglais, cinq grandes lois scolaires seront instaurées et remplacées successivement. La première (1801) crée "l'Institution royale" qui établit un réseau d'écoles élémentaires, modèles et universitaires. Cette loi marque le début d'une nouvelle ère : l'intervention gouvernementale dans les affaires scolaires au détriment du pouvoir clérical.

Suite aux pressions de l'Église catholique, la Loi sur les "écoles de fabriques" est adoptée en 1824. Les fabriques, sous la direction des curés et des marguilliers, sont autorisées à utiliser le quart des revenus paroissiaux de l'année pour le financement des écoles primaires.

L'Église catholique reprend ses pouvoirs mais les fabriques réalisent tôt leur incapacité à subvenir financièrement aux besoins d'une population scolaire grandissante.

Cinq ans plus tard sont mises en place les "écoles de syndics": les élus municipaux dirigent maintenant l'ensemble des institutions scolaires primaires en nommant des commissaires scolaires. Pendant toute cette période on constate un taux de plus en plus faible de fréquentation scolaire, un manque général de ressources en éducation et le fait que l'Église catholique perd son rôle d'éducateur national. La construction des écoles et la rémunération des professeurs sont désormais assurées par des subventions de l'Assemblée législative.

La quatrième grande loi, en 1841, établit le poste de commissaires d'écoles élus et impose la taxe scolaire foncière. L'imposition de cette taxe soulèvera tant de protestations qu'elle sera abolie et remplacée par une contribution volontaire (1845). Désormais le curé ou le ministre représentant la religion la plus nombreuse sera nommé commissaire.

L'année suivante marquera cependant le retour des taxes scolaires foncières obligatoires. De plus, les parents ayant des enfants fréquentant l'école se voient imposer une rétribution mensuelle. De nouvelles protestations populaires engendrent la "guerre des éteignoirs" pendant laquelle de nombreuses écoles seront volontairement brûlées. La loi sera réformée pour tenir compte des contraintes des travaux de la ferme à certaines époques de l'année, travaux auxquels doivent participer les enfants. Mais les taxes demeurent .

En 1853, une enquête publique, le rapport Sicotte, conclut que 80% de la population ne sait ni lire ni écrire. Pour remédier à la situation chaotique du système d'éducation et pour mettre un terme à la longue lutte entre l'Église et l'État pour le contrôle de l'éducation, le Conseil de l'Instruction publique sera mis sur pied trois ans plus tard, soit en 1856. En 1868, le premier Ministre Pierre-Joseph-Olivier Chauveau établit le ministère de l'Instruction publique.

Les écoles élémentaires, modèles et académiques sont du ressort des commissions scolaires, les études supérieures sont assumées par le clergé.

En 1943, le lieutenant-gouverneur Eugène Fiset sanctionne la loi instituant la fréquentation scolaire obligatoire pour tous les enfants âgés de six à quatorze ans.

L'année 1960 marque le début de la grande cassure entre l'État et l'Église catholique dans le domaine de l'éducation. L'ensemble des édifices éducatifs que possède l'Église catholique sera acheté dans les années suivantes et incorporé dans le nouveau système scolaire québécois. Du primaire à l'université, l'éducation devient un enjeu national.

L'année suivante (1961) la fréquentation scolaire est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans et les études secondaires sont gratuites. En 1963, la Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec est instituée et sa conclusion, le Rapport Parent, consacre l'État comme principal et unique acteur en éducation au Québec.

Le ministère de l'Éducation sera créé un an plus tard.