L'École Normale Christ-Roi

Au fur et à mesure que des familles s'établissent dans les Hautes-Laurentides, on construit des écoles. Dans les villages, dans les rangs. Il faut donc des institutrices - le métier est encore beaucoup féminin. Les jeunes filles qui veulent enseigner doivent cependant aller étudier à l'extérieur. On rêve vite de construire une École normale à Mont-Laurier.

Déjà, le 31 mai 1909, le curé Génier écrit à son évêque, Mgr Duhamel, d'Ottawa, que « le temps n'est pas éloigné où il nous faudra songer à un pensionnat, afin de donner à nos jeunes filles une éducation complète, sans être obligés de les envoyer ailleurs, à de longues distances.»

Le premier évêque du diocèse de Mont-Laurier, Mgr Brunet, s'en entretient avec la directrice générale des études des Soeurs de Sainte-Croix qui, depuis 1887, dirigent à Nominingue une école qui est maintenant reconnue comme École de Pédagogie et donne un brevet d'enseignement. Son successeur, Mgr Limoges, donnera suite au projet dix ans plus tard.

Le Conseil général des Soeurs de Sainte-Croix répond de façon affirmative, le 20 avril 1925, à sa demande de venir diriger une École normale à Mont-Laurier. Le 13 mai suivant, Mgr Limoges présente sa demande au gouvernement du Québec où il reçoit une réponse positive assortie d'une subvention annuelle de dix mille dollars. Le 20 août, la Congrégation et l'évêque s'entendent sur le prix d'achat du terrain entre la cathédrale et la rivière du Lièvre (10 275$). Le contrat avec le gouvernement est signé le 26 mars 1926. Il faut savoir que le gouvernement ne bâtit pas lui-même les Écoles normales ni n'en prend la responsabilité financière ; elles relèvent totalement des communautés religieuses qui en prennent la charge.

Les travaux de construction débutent le 14 juin 1926 et sont confiés à l'entrepreneur Damien Boileau sur des plans et devis de l'architecte montréalais Joseph Sawyer. Construit à l'épreuve du feu, le bâtiment mesure 167 pieds sur 55; outre le sous-sol et le rez-de-chaussée, il comprend deux étages pourvus de vastes galeries extérieures dont la vue donne sur la rivière. Ses murs extérieurs, de couleur soleil beige, font ressortir l'entrée principale dotée d'un large escalier aux colonnes de pierre.

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Le 19 juillet 1927, les Soeurs de Sainte-Croix prennent possession des lieux. Arrivées à Mont-Laurier le 11 août 1926, elles remplacent, dans les écoles paroissiales, les Soeurs de la Providence qui quittent après 15 ans d'enseignement. Les dix religieuses habitent la Résidence, une ancienne banque de la rue du Pont, en face de la cathédrale.

Le 6 septembre 1927, la dix-septième École normale du Québec ouvre ses portes.

Le cours de l'École normale est divisé en trois parties: le cours élémentaire, le cours supérieur et le cours supplémentaire préparant aux brevets d'enseignement. En plus de "préparer les jeunes filles à entrer dans la carrière de l'enseignement", une École normale doit aussi avoir son École d'application, un pensionnat, dont les élèves, par le coût de l'enseignement, contribuent au financement de l'établissement et auprès desquels les normaliennes commencent leur apprentissage et passent leur examen pratique de pédagogie. Le Pensionnat occupait la partie nord de la bâtisse et comptera jusqu'à 160 élèves.

De 1927 à 1965, on retrouve les noms de 1 768 normaliennes ayant accompli au moins une année d'étude complète ; la grande région de Mont-Laurier en compte 68%, celle de Montréal, 30%. Mont-Laurier, à elle seule, a fourni 310 normaliennes.

Les principales causes qui entraînent la fin des Écoles normales du Québec sont de deux ordres: financier et pédagogique. D'abord, leur nombre s'est accru rapidement et, en 1961-1962, près de la moitié de ces écoles comptent moins de 100 normaliennes. Ce qui ne leur donne pas les ressources financières pour assumer les coûts des salaires des spécialistes pouvant préparer leurs élèves au brevet A et au baccalauréat comme le propose le rapport Parent qui veut confier la formation des maîtres aux établissements universitaires. Une à une les écoles normales fermeront. Celle de Mont-Laurier survivra, de 1966 à 1970, en accueillant du personnel religieux et des étudiantes de la Polyvalente Saint-Joseph de Mont-Laurier. Finalement, le 3 novembre 1971, le contrat de vente du bâtiment sera signé entre le Corporation des Soeurs de Sainte-Croix et la Commission scolaire régionale Henri-Bourassa, représentée par le ministre de l'Éducation, pour un montant de 229 846$. L'École normale du Christ-Roi allait changer de vocation. Elle sert aujourd'hui à l'éducation aux adultes.

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Normaliennes de l'année 1948-1949.



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